NOURREDINE NAYBET, L’INCONTOURNABLE TOUR DE DéFENSE

Enfant de Casablanca, Naybet s'est pris de passion pour le foot dès le plus jeune âge, dans les rues de Derb Chorfa notamment, et son talent a vite sauté aux yeux des plus avisés. Repéré par l'Étoile de Casablanca, il n'y sera resté qu'une semaine avant de rejoindre le Wydad Athletic Club, formation emblématique, avec le Raja, de la capitale économique du Maroc. Surclassé en équipe première alors qu'il est encore junior, Nourredine Naybet va écrire l'une des plus belles pages de l'histoire du club dès 1989. Cela va lui permettre de devenir international seulement un an après ses débuts lors d'une saison où le club remporte la Coupe du Trône et la Ligue des champions Arabe.

Naybet sur une orbite de grande classe

Avec son club formateur, Naybet va connaître tous les succès possibles. Le WAC, entraîné par l'Ukrainien Yuriy Sevastyanenko, entamera une décennie dorée : trois championnats nationaux remportés en 1990, 1991, puis 1993, une Coupe afro-asiatique et surtout la première Ligue des champions du club. Tout cela aux côtés des Lahcen Abrami et autres Fakhreddine Rajhi, joueur le plus capé du club et meilleur buteur de l'histoire de Botola, ou encore de l'international sénégalais Moussa Ndaw, meilleur joueur étranger à avoir joué au Maroc.

« Le Wydad m'a formé en tant que joueur et surtout en tant qu'homme. Je dois ma réussite à ce club, à ses fans et à tous les supporteurs du Maroc. Remporter la Ligue des champions de la CAF en 1992 face à l'équipe soudanaise d'Al Hilal reste l'un de mes souvenirs préférés. C'était notre premier titre continental et à l'époque, il était très difficile pour les clubs marocains de s'imposer dans les compétitions africaines. Nous avons joué le match retour de la finale à domicile et le roi Mohammed VI (il était prince à ce moment-là) était présent quand nous avons soulevé le trophée. Ce sont de beaux souvenirs », explique-t-il.

1992 sera l'année de ses premières compétitions internationales, celle pendant laquelle il prit part à la CAN, puis aux Jeux de Barcelone vers des cieux footballistiques.

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Vers le haut niveau européen sans transition

Ayant quitté le Maroc avec le sentiment du devoir plus qu'accompli, le voilà en Europe en 1993. Alors qu'il a 23 ans, nous sommes dans les derniers moments de l'arrêt Bosman et la libre circulation des joueurs. Cependant, avec une réputation déjà solide, Naybet se verra ouvrir les portes du FC Nantes de Jean-Claude Suaudeau dans une équipe bâtie autour de la légende tchadienne Japhet N'Doram mais aussi des enfants du club tels que Christian Karambeu, Patrice Loko, Reynald Pedros, Nicolas Ouedek, et un certain Claude Makelele.

Arrivé en même temps que l'international nigérian Samson Siasa, membre des Super Eagles vainqueurs de la CAN 1994 et huitième de finaliste du mondial cette même année, Naybet s'installera d'entrée comme un leader naturel des Canaris. Avec une quarantaine de matchs joués, il contribuera à une 5e place en Division 1 et à une demi-finale de Coupe de France.

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C'est l'épilogue d'une saison charnière pour le club en phase de transition vers la fameuse équipe qui remportera le championnat en 1995, avec seulement une défaite, qui atteindra la demi-finale de Ligue des champions l'année suivante, et surtout qui fera parler de son football à la nantaise qui a marqué l'histoire du championnat de France.

Après une saison en France, Naybet suscitera très rapidement l'intérêt du Sporting Portugal de Carlos Queiroz qui déboursera 8 millions de francs français pour s'attacher ses services. Pendant deux saisons, il continuera sur sa lancée et jouera un rôle majeur au sein de l'équipe qui remportera la Coupe et la Supercoupe du Portugal en 1995, ce qui lui ouvrira les portes de la Liga Espagnole.

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La consécration espagnole avec La Corogne

Recruté à 1.6 million d'euros par le Deportivo La Corogne qui est dans sa période dorée depuis le début des années 1990, il est parmi le top 3 de la Liga entre 1993 et 1995, et est vainqueur de la Coupe du Roi en 1995. Naybet sera l'une des recrues phares du club en compagnie de Rivaldo, Jacques Songo'o, Corentin Martins ou encore Flavio Conceçao dans une équipe où l'on retrouve des tauliers comme Mauro Silva, Miroslav Dukic ou encore Donato.

Le défenseur marocain s'imposera comme une référence à son poste et se verra nommé meilleur défenseur de Liga à trois reprises (1998, 1999, 2000). Il contribuera aussi au titre de champion en 2000 et à une victoire lors de la 100e édition de la Coupe du Roi, face au Real de Madrid du début de l'ère galactique des Zidane, Figo, Raul et compagnie.

Avec une constance impressionnante sous Javier Irureta, le Deportivo finira parmi les trois meilleures équipes de 2000 à 2004, et finira demi-finaliste de la Ligue des champions lors de la dernière saison de Naybet au club, avant son départ pour Tottenham. Entretemps, la sélection du Maroc a eu besoin de lui.

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La déception avec la CAN en Tunisie

2004 sera une saison très douloureuse pour le défenseur marocain qui s'inclinera en finale de la CAN face à la Tunisie, pays organisateur. Une défaite qui a sonné comme sa dernière chance de remporter un titre avec les Lions de l'Atlas très moyens sur la scène internationale depuis le mondial de 1986.

Naybet totalisera néanmoins 115 sélections, 4 buts, 6 participations à la CAN (1992, 1998, 2000, 2002, 2004, 2006) et 2 à la Coupe du monde (1994, 1998). En 2006, Naybet a pris sa retraite. À 36 ans, il a pu apprécier une riche carrière en gravissant avec brio tous les échelons vers le haut niveau. Nourredine Naybet est considéré à ce jour comme l'un des plus grands joueurs que le continent africain ait donnés au football mondial.

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